ERNEST LEGOUX, POÈTE

samedi 22 août 2020, par rogertempete

ERNEST LEGOUX, POÈTE

J’ai déjà cité Ernest LEGOUX à propos d’une petite construction visible dans une propriété dans l’article ’’Est-ce un vestige de l’abbaye ?’’.

C’est la découverte d’une eau forte le représentant qui me donne l’occasion de mieux faire connaître ce poète local, né et mort à Coulombs. Membre de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir, il faisait profiter les autres sociétaires de ses pièces en vers qu’on découvre à la lecture des procès verbaux de la société entre les années 1873 à 1886.

Il a, à ma connaissance, fait éditer ses écrits dans un recueil sous le titre "souvenirs et intimités’’. Lors d’une exposition sur les poètes locaux en 1993, Michel CHAPET avait mentionné l’un de ses poèmes en précisant qu’il s’était inspiré de l’abbé LEPROUST, curé de Coulombs, et, en 2008, un extrait du Pavé de Coulombs, l’organe de communication du Conseil Municipal de Coulombs, avait repris un extrait d’un autre poème sur l’abbaye de Coulombs.

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Ernest LEGOUX - Eau forte de Paul GILLARD

Le premier LEGOUX qui s’installe à Coulombs s’appelle François. Il est né à Menneval, Département de l’Eure, le 14 mai 1758, fils de François LEGOUX et de Marie Françoise HEBERT. Il est cuisinier chez Messieurs les religieux à l’abbaye de Coulombs lorsqu’il se marie à Coulombs le 19 février 1790 avec Marguerite PLANCHETTE née à Coulombs le 14 septembre 1761, fille de Jacques PLANCHETTE et de Jacqueline HUBERT. François devient aubergiste après la fermeture de l’abbaye. Tous les deux décèdent à Coulombs, François le 24 janvier 1835 et Marguerite le 30 octobre 1840.

Le couple semble avoir eu deux garçons portant le même prénom. François né à Coulombs le 1er février 1791 et François Brutus né à Coulombs le 21 vendémiaire an III (1794) et mort à Metz le 26 novembre 1813 des suites de maladie alors qu’il servait dans les armées Napoléoniennes.

François, tourneur sur bois, se marie à Coulombs le 17 décembre 1812 avec Marie-Julienne BADEAU née à Coulombs le 13 avril 1794, fille de Charles BADEAU (parfois écrit BADAULT dans certains actes) et de Marie-Louise FOLIO. Tous les deux décèdent à Coulombs, François le 18 septembre 1868, Marie-Julienne le 2 janvier 1880.

Ce couple a eu deux enfants : Irma Euphrasie Félicité née le 19 juin 1815 et Ernest né le 9 septembre 1829. Irma épouse le 9 février 1836 à Coulombs Auguste Baron né à Bouglainval le 9 juin 1809. Ces deux époux qui ne semblent pas avoir eu d’enfant résideront à Coulombs jusqu’à leur décès intervenu le 25 août 1885 pour la femme et le 25 janvier 1894 pour le mari.

Ernest LEGOUX a repris l’affaire de son père et il est marchand de bois lors de son mariage à Maintenon le 29 janvier 1855 avec Adèle Octavie PERROT née le 1er mars 1835 à Épernon, fille de Bazile Hilaire PERROT et de Louise Françoise Adèle GILLARD.

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Extrait de l’acte de mariage LEGOUX - PERROT

De cette union, nait le 11 juillet 1859 Marguerite Louise, leur seule fille. Elle se marie à Coulombs le 17 août 1881 avec Jean Baptiste Albert SARRADE, né le 24 juin 1851 à Tartas, département des Landes. Le marié étant militaire de carrière (il deviendra général), Marguerite quittera définitivement Coulombs où seuls ses parents resteront jusqu’à leur décès.

Ernest LEGOUX fait prospérer son entreprise. Le Conseil Municipal de Coulombs doit se prononcer sur plusieurs de ses projets. En 1855, il souhaite installer une scierie hydraulique et une enquête publique a lieu. Le 11 novembre, le conseil municipal donne son avis : ’’vu la teneur des pièces composant le dossier...vu les dires et observations présentées...considérant que le projet n’enlèvera point de travail aux scieurs de long...considérant que la réalisation du projet va occuper un bon nombre d’ouvriers...considérant que M. LEGOUX demande à vider la rivière en aval jusqu’à son confluent avec la rivière d’’Eure, que par ce curage on évitera l’inconvénient majeur de submerger les propriétés en amont...donne son adhésion au dit projet en priant Mr le Préfet d’y donner son approbation avant l’hiver pour occuper les bras des ouvriers nécessiteux’’.

En 1862, M. LEGOUX demande d’établir à ses frais deux ponts sur la rivière du Coulis pour relier les deux parties de sa propriété coupée par la rivière, un bassin de flottage des bois alimenté à l’entrée par la rivière du coulis avec en sortie le retour des eaux à la rivière, un lavoir pour son usage personnel, un renforcement des rives avec des pieux de bois, et une clôture de sa propriété avec une partie supérieure fixe et une partie inférieure mobile afin de laisser un libre cours aux eaux en cas de crue. Il propose une mise à l’alignement de sa propriété en permettant un ’élargissement de la ruelle des clos de la Ribordière. Le Conseil Municipal délibère le 4 mars :""qu’il y a un très grand avantage pour la commune à voir se réaliser cette mise à l’alignement..qu’elle permettra d’élargir la passerelle publique et d’agrandir sensiblement l’abreuvoir communal...qu’il est de l’intérêt de la commune de voir prospérer l’usine de M. LEGOUX qui emploie un grand nombre d’ouvriers...qu’il est reconnu que les ponts, clôtures et bassin lui sont d’une absolue nécessité pour faciliter le placement de ses bois ...déclare à l’unanimité autoriser M. LEGOUX à se mettre à l’alignement, accepter au profit de la commune l’abandon gratuit de la portion de terrain qui restera libre après cet alignement, approuver et appuyer en toutes ses parties sans restriction la demande de M. LEGOUX’’.

Le 22 septembre 1867, à la demande de M. LEGOUX, le Conseil Municipal donne un avis favorable à la rectification du sentier des clos de la Ribordière.

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Mandat signé LEGOUX

En dehors de son entreprise, Ernest LEGOUX écrit des poésies. Il doit aussi se passionner pour l’histoire et devient membre de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir le 6 juin 1872. Il collectionne des objets : faïences, gravures, peintures et meubles. Lorsqu’il est présent aux réunions publiques de la Société Archéologique, il donne lecture de ses pièces en vers. Ainsi, à la séance du 27 Mai 1875, un long poème intitulé Le curé de Village lui vaut les applaudissements de ses auditeurs (pages 261 à 268 du tome V des procès verbaux de la S.A.E.L.).

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Extrait de la pièce ’’Le Curé de Village’’ par E. LEGOUX

Cette pièce figure dans son livre ’’Souvenirs et Intimités’’ publié en 1881 chez Garnier à Chartres. C’est de cet ouvrage qu’est aussi tiré l’extrait publié dans le Pavé de Coulombs sous le titre ’’Les Ruines de l’abbaye Notre-Dame de Coulombs’’.

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Extrait du Pavé de Coulombs n° 3/2008

Il a écrit une autre pièce en vers intitulée ’’le Vieux manoir de Ruffin’ qu’il a lue à une réunion de la Société Archéologique. Ce manoir qui s’élevait sur la partie de Ruffin dépendant de la commune de Chaudon a été démoli sauf une tour dont on peut encore voir les vestiges qui résistent au temps.

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Extrait ’’Le Manoir de Ruffin ’’ par E. LEGOUX

À son décès, le Président de la Société Archéologique informe ses collègues de sa disparition : ’’M. le Président annonce la mort regrettable et prématurée de M. LEGOUX de Coulombs qui, pour ne pas assister souvent aux réunions mensuelles, n’en était pas moins un des membres les plus dévoués de la Société’’.

Il demeure un mystère sur la manière d’écrire le nom LEGOUX. Sur l’eau forte du portrait, on trouve Ernest LE GOUX en deux parties, C’est aussi de la même façon qu’a été signé le mandat alors que la signature d’Ernest LEGOUX sur son acte de mariage est attachée. Sur certains actes d’état civil, le nom apparaît soit en entier soit séparé aussi bien pour Ernest LEGOUX que pour ses aïeux. Les signatures sont parfois différentes selon les personnes qui signent Legoux, Le Goux ou LeGoux.

Ernest LEGOUX est décédé à Coulombs le 4 août 1886 à l’âge de 56 ans. Sa veuve née PERROT est décédée à Chartres le 22 juin 1894 à l’âge de 59 ans mais résidait toujours à Coulombs où a été enregistré la transcription de son acte de décès. Leur fille Marguerite LEGOUX-SARRADE a eu trois enfants. Selon une fiche généalogique consultée sur internet, elle est décédée en 1925 à Dax, Département des Landes, et il y a encore actuellement des descendants d’Ernest LEGOUX.

Roger TEMPÊTE

: un extrait d'une vue aérienne d'une carte postale des années 1950 montrant le quartier de la maison qui est reconnaissable à la partie pointue de la toiture et aux arbres du parc. Je viens de prendre les deux autres photos. Il y a déjà une petite différence suite à une démolition partielle par rapport à une carte postale au début des années 1900 que vous pourrez reconnaitre sur mon site à l'article "Avant, après, Coulombs se transforme". Je suis certain que cette maison est celle de la famille MAILLARD mais je ne peux pas affirmer qu'elle est conforme à celle que M. LEGOUX habitait.

 

 

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